1634 : les Vaudémont prennent le pouvoir en Lorraine
Les projets matrimoniaux vont bon train à la cour ducale de Nancy en cette deuxième décennie du XVIIème siècle, avec en toile de fond, la perspective de la succession au trône.
De son second mariage avec Marguerite de Gonzague, le duc de Lorraine Henri II a eu quatre enfants dont deux sont morts peu après leur naissance. Il reste deux filles : Nicole, née en 1608 et Claude, née en 1612. L'absence de garçons laisse présager une succession difficile, faute de textes précis. La main de Nicole est donc très convoitée. L'entourage craint que le duc ne la donne à son favori, Louis de Guise baron d'Ancerville, alors que le frère du duc, François de Vaudémont, la convoite pour son propre fils, Charles.
Henri II, duc de Lorraine et de Bar
Le clan de Guise-Ancerville semble l'emporter, et devant l'atmosphère très pesante qui règne à la Cour, François de Vaudémont préfère s'éloigner avec les siens auprès de son oncle, Maximilien, duc de Bavière. Le duc envoie alors à Munich, pour le représenter, le capitaine de son artillerie, Maximilien de Lutzelbourg ; au retour, Lutzelbourg tombe dans une embuscade aux portes de Nancy et est tué...
Par faiblesse ou par calcul, Henri II consent alors au retour de son frère. Conscient de l'opposition qui règne à la cour au sujet du projet de mariage de sa fille et de son favori, il accepte de la donner à son cousin germain Charles, mais il veut une compensation pour Ancerville. Après de nombreuses tractations, on admet qu'Ancerville épousera Henriette de Vaudémont, la fille de François de Vaudémont. De plus, Henri II déclare que sa fille Nicole est son unique héritière et que Charles de Vaudémont tiendra d'elle son autorité. Sans attendre la dispense pontificale –elle arrivera deux semaines plus tard- on célèbre les deux mariages –celui de Nicole et Charles, et celui d'Henriette et Ancerville- le 23 mai 1621.
Nicole de Lorraine
Mais le duc est miné par la maladie. Malgré le recours aux bains de Plombières, il meurt le 31 juillet 1624.
L'affaire de la succession commence.
Charles de Vaudémont, âgé de vingt ans, devient Charles IV en vertu d'une clause de son contrat de mariage, par laquelle il reconnaît tenir la couronne de sa femme seule. De fait, il l'associe à ses premières décisions et fait figurer son effigie, à côté de la sienne, sur les pièces de monnaie.
Pièce de monnaie à l'effigie de Charles IV et Nicole de Lorraine
Bien opportunément, on découvre le testament par lequel, en 1506, les duchés ne pouvaient être dévolus à des femmes. Les Vaudémont imaginent alors un incroyable scénario, qui sera réellement suivi : Les Etats généraux, réunis à Nancy en novembre 1625, reconnaissent comme duc, François de Vaudémont devenu François II. Le nouveau souverain s'empresse de prêter serment dans la collégiale Saint-Georges, d'anoblir quelques clients et de prendre, sur les finances publiques, la somme qui le libère de toutes ses dettes. Le 26 du même mois, il abdique en faveur de son fils, redevenu le duc Charles IV. Nicole, qui ne souhaite guère conserver le pouvoir, est évincée par ce tour de passe-passe.
Il ne reste plus à Charles IV qu'à faire son entrée solennelle à Nancy, le 1er mars 1626 avec grand concours de peuple, et à Bar, beaucoup plus tard, le 8 mai 1627.
Quant aux Etats généraux, ils reçoivent son serment et proclament la masculinité du duché.
Charles IV, duc de Lorraine et de Bar